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Amazed - Chapitre 5

Samedi 16 novembre 2002
Le hangar où Harm garde son Stearman

Emmitouflés dans des gros blousons, Harm et May se préparent à une balade dans le ciel.
Harm ouvre la porte du hangar et May découvre Sarah d'un air émerveillé.

« Un Stearman. Comme il est beau ! Je n'en avais jamais vu qu'au musée. »
« Et toujours en état de voler ! C'est mon grand-père qui l'avait acheté vers la fin des années 30. il est mort quelques années après, et papa ne s'en est jamais beaucoup servi. Quand j'étais petit, il était dans une grange chez Grams, sous une bâche. Papa m'avait promis qu'on le retaperait ensemble, mais bon... Alors je m'y suis mis quand j'ai eu quinze ou seize ans. Les vacances que j'ai passé là-bas avec ta mère, je n'ai pas arrêté de la bassiner avec mes histoires d'avions. Je la traînais dans le hangar, moi, je farfouillais dans le moteur et elle était assise sur une botte de paille, avec un livre. On avait même installé un tourne-disques et on écoutait du rock. Heureusement qu'il ne volait pas, sinon, je l'aurais emmenée faire des essais ! »
« Moi, j'ai toujours rêvé de voler. Quand j'étais toute petite, je me prenais même pour un oiseau ! »
« C'est de là que ça vient, Birdie ? » (NdA : Birdie, en anglais veut dire « petit oiseau »)
« Oui. Je devais avoir trois ans. On habitait la maison de tante May, ma chambre était au 1er étage et la fenêtre donnait sur le jardin de derrière. Il y avait un arbre pas très loin, et tout le printemps et l'été, je voyais les oiseaux faire leurs nids. Je me souviens très bien de ce jour-là en particulier. Maman était en bas, elle faisait la cuisine, je crois. Et moi, j'étais agenouillée sur le banc sous la fenêtre ouverte et je regardais les oiseaux. Il y avait en particulier un couple de colibris qui virevoltaient autour de l'arbre. Je les trouvais fascinants. Brusquement, j'ai eu envie de les rejoindre, de voler avec eux, ils avaient l'air si... libres. Alors j'ai fait ni une ni deux, je suis sortie sur le toit. Maman ne m'avait jamais interdit de monter là, sinon j'aurais réfléchi. Mais j'imagine qu'elle n'avait même pas eu l'idée que je pouvais le faire. J'étais donc assise sur les tuiles, et je me suis laissée glisser jusqu'au bord. J'avais pas le vertige, ni rien. Et puis je me suis levé, j'ai du dire aux colibris quelque chose comme `Attendez-moi,
j'arrive !' j'ai étendu les bras et j'ai sauté. »
« Non, vraiment ? »
« Vraiment. Je me suis cassé la jambe. Le plus bizarre, c'est que je ne souviens pas de la douleur physique. Je me rappelle juste que j'étais déçue de ne pas m'être envolée. Et la première chose que j'ai demandé à maman quand elle m'a trouvé c'est `Pourquoi est-ce que je
ne peux pas voler ?' Elle avait eu la frayeur de sa vie, et elle a éclaté de rire en entendant ça. Et elle m'a fait promettre de ne plus monter sur le toit. Depuis, chaque fois que je devenais trop casse-cou, elle m'appelait Birdie pour me rappeler ma mésaventure. »
« Cette histoire n'est pas faite pour me rassurer. Tu crois vraiment que je peux t'emmener là-haut ? »
« Ne t'en fais pas ! Maintenant, quand je veux voler, je prends un avion ! »

Ils inspectent Sarah de fond en comble, l'incident avec Mac et les braconniers n'est toujours pas effacé de la mémoire de Harm et il raconte l'histoire à sa fille, qui tremble rétrospectivement. Quand tout est fin prêt, ils ouvrent le hangar, roulent Sarah sur la piste et prennent le départ. Très vite, Harm confie le manche à May et ils passent quelques heures à voler tour à tour.
Quand ils se posent, May saute au cou de son père et le serre fort contre elle. Ils s'enlacent en riant de joie, et Harm la fait tournoyer comme une petite fille.
« Tu sais, j'adore t'avoir pour papa ! Si tu te décidais, tu serais un père formidable ! »
« Mais avec qui veux-tu que je fasse des enfants ? » En disant cela, Harm pense au contrat qu'il a passé avec Mac, et dont l'échéance est chaque jour plus proche.

May lui adresse un regard en coin.

« Papa... Ne me dis pas que tu n'as jamais pensé à en faire avec elle, je ne te croirais pas ! »
« Je ne vois pas de quoi tu parles. »

May lève les yeux au ciel et soupire.

« Soit tu es aveugle, soit tu es sot, mais dans les deux cas, tu es indécrottable ! »

Harm lui jette un regard offensé.

« C'est comme ça qu'on parle à son père ? »

May rigole sans rien dire.

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Dimanche 17 novembre 2002
Le hall de départ de l'aéroport

May finit d'enregistrer ses bagages. Puis elle se tourne vers Harm, qui se tient à l'écart.

« Alors, ça y est, tu pars ? »
« Et oui. Je dois être à la base avant minuit. Alors il est temps. »
« Tu ne peux pas quitter l'Académie pour Thanksgiving, n'est-ce pas ? »
« Non, mais je vais chez les Patterson. Il faudra que tu les rencontres un jour, ils sont super sympa. »
« Alors, on pourra peut-être se retrouver pour Noël. »
« Oui, j'ai presque un mois de permission. Je serai ravie de venir te voir. »
« D'habitude, je reste à Washington pour la nuit de Noël, et je pars le 25 au matin pour la ferme. Ça te dit de rester avec moi, ou est-ce que tu préférerais aller à la ferme toutes les vacances ? »
« Et bien, je ne sais pas trop. Je vais voir. On a le temps d'y réfléchir. »

L'appel pour l'embarquement de l'avion de May se fait entendre à ce moment.

« Bien, je crois qu'il est l'heure. »
« Oui. Prends soin de toi. »
« Toi aussi, papa. »

Harm et May s'embrassent tendrement. Elle a les larmes aux yeux.

« Au revoir papa. »
« Au revoir ma fille. »

Aucun des deux ne voit A.J., debout contre un pilier, qui regarde May s'en aller.

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